NOTE. Pour faciliter la lecture de ce cadre de foi et d’action je l’ai balisé d’un minimum de références à la Parole et de notes de bas de page. Les lecteurs familiarisés avec la Bible, le Coran et La Révélation d’Arès ajouteront ou complèteront sans difficultés les nombreuses références implicites dans cette énumération. Par ailleurs, les chevauchements, les répétitions et l’ordre de succession des concepts qui peut paraître bizarre n’ont rien de désordonné si l’on pense à la logique particulière de la Parole de Dieu ; ils sont voulus pour écarter de cette proclamation de Vie l’esprit de système complètement ignoré par la Parole. Déjà je trouve les éléments de cette liste trop classés, puisque la Parole est entière dans et autour de chacun de ses mots ; la Parole n’est pas sérielle mais interactive. On atteint ni Dieu ni la Vie avec une échelle. La ligne droite avec ses échelons n’est qu’une trouvaille technique. Nul corps, nul arbre, nul rayons de lumière, rien dans la Création n’est droit et isolé ; tout y est courbe, parfois brisé, et comme un confluent mêlé au tout qui l’entoure. Cette énumération est une courbe, un cercle même ; elle se contourne soi-même et revient sur soi. Quand vous avez fini de la lire, vous pouvez continuer par le commencement, ou repartir de n’importe quel paragraphe, et indéfiniment ainsi.

 

Une fois écrits ces termes d’affirmation et de dénégation, quelques étangs où j’ai versé, enfermé un peu de la Mer, je retourne en courant sur les rivages de Dieu, aux flots libres, riches, vivants, mêlés et pourtant indivisibles, de sa Parole. Tout auteur de credo a fait de celui-ci, de sa récitation, la condition absolue du salut ; l’église catholique alla jusqu’à interdire aux fidèles la lecture de la Bible, comme pour déclarer son credo et son catéchisme supérieurs à celle-ci. Aujourd’hui encore la plupart des religions et des églises font passer la foi dans leurs dogmes et l’obéissance à leurs règles et sacrements avant les œuvres —pour cette raison parmi d’autres le christianisme n’a pas encore existé — . Réciter Nous croyons, nous ne croyons pas ne sauvera personne. C’est en accomplissant la Parole, en s’acquittant de cette vraie piété qu’est l’action de changer sa vie, de devenir un homme du temps qui vient, et de travailler à changer le monde, que l’homme s’élève vers les Hauteurs. Dieu fait de changer le synonyme de sauver.

La Vie de la Parole est d’une telle force, d’une telle plénitude, qu’elle paraît un corps dépecé dans les paragraphes de mon Nous croyons, nous ne croyons pas. Pourquoi l’avoir écrit alors ? C’est un pense-bête pour aider le découvreur— l’homme en début de conversion —, pour régénérer le frère tiédi ou tombé dans la routine ou revisité par la vieille mentalité religieuse, pour permettre au frère plus fixé sur le Fait Surnaturel d’Arès que sur son Message de faire le point de sa foi, pour inspirer des œuvres didactiques, notamment celles destinés au enfants, pour informer ceux qui veulent se faire une idée correcte de La Révélation d’Arès et des Pèlerins d’Arès. Encore les idées exprimées ici sont-elles déjà, tout à la fois, un peu trop sériées (elles suggèrent l’hypothèse d’une doctrine, quand cette hypothèse est étrangère à notre spiritualité), un peu trop transcendantes (elles sont empreintes d’une tension spirituelle trop forte pour des profanes et des croyants figés dans des structures culturelles consacrées), et pas assez transcendantes (elles ne montrent pas assez que notre foi est infiniment plus vécue et créatrice qu’énumérée et intellectuelle). Nous croyons, nous ne croyons pas est à la fois trop systématique, trop transcendant et pas assez transcendant, parce que j’ai mis dans cette aide-mémoire un certain esprit de vulgarisation afin d’en aider la compréhension.

 

— tout Pèlerin d’Arès digne de ce nom, sans connaître la Parole sur le bout des doigts, doit l’avoir assimilés dans son ensemble et savoir à quoi il s’est engagé. —

 

Mais c’est aussi, pour le Pèlerin d’Arès engagé, un mémoire de la foi et de la vie actives, conquérantes, les seules qui aient une valeur. L’Evangile donné à Arès remonte à 1974, Le Livre à 1977 ; aujourd’hui Nous croyons, nous ne croyons pas devrait permettre à tout Pèlerin d’Arès assez ancien de revenir sur soi, de faire le compte de ce qu’il a compris et de ce qu’il a fait, et d’évaluer de quoi il sera capable dans l’avenir. Quand j’écoute ou quand je lis mes frères je constate que tous n’embrassent pas d’une vision complète, nette, instantanée, et spécifique, le vaste horizon que dessine la Parole, tous n’évaluent pas correctement l’étendue qui les sépare encore de cet horizon. Sauf quelques frères exceptionnels, chacun a plus ou moins ses sujets de prédilection, certains très limités, sur la base desquels il s’efforce de témoigner de la foi arésienne ; on est jamais que ce qu’on a compris ou admis. C’est mieux que de ne pas témoigner du tout. Mais tout Pèlerin d’Arès digne de ce nom, sans connaître la Parole sur le bout des doigts, doit l’avoir assimilée dans son ensemble et savoir à quoi il s’est engagé.

Les Pèlerins d’Arès sont encore indéfinissables, ils y trouvent parfois la saveur d’un compliment. On n’est définissable que par des catégories connues, acceptées ; or, les Pèlerins d’Arès n’entrent dans aucune d’elles de façon satisfaisante. Le cadre général de foi et de vie que j’ai dressé, Nous croyons, nous ne croyons pas, montre bien que La Révélation d’Arès et l’éclairage qu’elle projette sur la Bible le Coran ont haussé l’intelligibilité du Dessein de Dieu, et du rôle que devrait y jouer le croyant, jusqu’à des valeurs pures et puissantes, la plupart fort différentes de celles enseignées par les religions. Nous croyons, nous ne croyons pas aidera les sociologues, l’administration, les religieux, les journalistes, à donner une définition des « gens qui croient dans cette fable d’Arès » — ce siècle veut que tout mouvement de la pensée et du comportement soit assujetti à une formule précise  –. Mais mon but majeur est que tous mes frères, j’entends ici tous les hommes de bien, se reconnaissent mieux entre eux par l’espérance qu’ils partagent ou partageront, parfois sous des termes très différents, et pour laquelle ils se dévouent ou se dévoueront ensemble.

 

© Copyright  1991