nous croyons, nous ne croyons pas

Sans preuve de la vertu, notre mission ne sera qu’idéologie.

Nous croyons que nous n’exercerons d’influence décisive sur le monde qu’après de longs et âpres efforts (1) de pénitence (2) contre notre nature pécheresse — Combats le mal ! (3) —. Sans preuve que la vertu est possible notre mission ne sera qu’idéologique ; aucune idéologie n’affaiblira les arguments de nos ennemis et la résistance des scandalisés (4). Les hommes semés (5), mais si difficiles à moissonner, ne croiront pas qu’ils ont une nature spirituelle, une faculté de transfiguration, et que tous, même les ennemis de la Parole sont appelés à grossir la Flotte du Roi (6), si la vie spirituelle ne se montre pas effectivement.

Nous croyons que la pénitence ne doit pas s’exhiber (7). C’est une lutte sans contentement de soi, discrète, modeste et même joyeuse (8) contre son péché et son obscurité intérieur. La pénitence rayonne par elle-même.

Nous croyons que le combat contre les ennemis du grand Dessein ne doit jamais être primaire, vulgaire, amer, intolérant, polémique ou brutal. Au contraire, il donne l’occasion de maîtriser la mesure (9), l’amour, la paix intérieure (10) et le discernement entre ce qui est menaçant, qu’il faut désarmer, ce qui est déformant, qu’il faut rectifier, et ce qui ne fait que manifester l’opinion de ceux qui ne croient pas en nous, opinion dont ils sont libres. L’apostolat ignore l’esprit de vengeance et ne donne pas davantage à l’adversaire des raisons ou prétexte de vengeance ; il est économe des peines causées aux autres ; nous ne sommes pas meilleurs que bien des hommes qui n’approuvent pas notre foi. Le prophétisme requiert confiance en soi et maîtrise de soi, qui seront transmises aux enfants, qui n’hériterons pas de préjugés, de l’amour-propre et de l’autosatisfaction, mais de l’espérance vivante, généreuse, intelligente.