nous croyons, nous ne croyons pas

Nous donnons naturellement la vie au pardon en nous-mêmes quand nous cessons de pécher...

Le pardon du Père ne dépend pas de bon vouloir.

Nous croyons que la Parole donne à pardon (1) (de Dieu) un sens totalement différent de celui que lui donnent la religion ou les sentiments ; Pardon du Père a un sens primordial. La clémence (2) humaine dépend du bon vouloir de l’offensé ou de l’autorité qui juge ou de lois, ou de mœurs, mais le Père n’a pas de bon vouloir, qui suppose la bonne humeur du moment ou des arrière-pensées, il n’obéit pas davantage à des lois ou à des mœurs. L’Autorité du Père est constructive, non judiciaire ; il a l’Amour et le Pouvoir Créateurs. Le Pardon est de la nature de la vie ; il ne passe pas par l’intellect. L’homme donne naturellement la vie au pardon en lui-même quand il cesse de pécher (3) comme il aspire naturellement l’air après avoir étouffé ou boit naturellement l’eau en sortant du désert.

Le jugement du Père ne désigne pas un procès.

Nous croyons de même que tribunal (4) et jugement (5) ne désignent pas une pesée de péchés suivie d’une sentence dépendantes du bon plaisir du Père ou de lois, bref, ne désignent pas un procès. Ils désignent une réaction naturelle permanente, immanente de l’image et ressemblance sur elle-même, un auto-jugement en somme. Cette réaction sur soi est d’ascension quand l’image et ressemblance se spiritualise, sinon elle est de chute. L’homme se moule (6) au tribunal et au jugement comme l’arbre poussé contre le mur du Temple se moule au Temple.

L’homme co-créateur de son salut.

Nous croyons que le salut résulte naturellement de l’effort par intention, par intuition ou même par hasard ou coïncidence, de cesser de pécher, de changer sa vie et le monde. Par métabolisme naturel cet effort de changement crée l’âme du croyant ou de l’incroyant, transforme celui-ci en homme du temps qui vient, autojugé, autopardonné et autosauvé par le processus même. En ceci encore l’homme est co-créateur de son salut. Pardon et jugement ne désignent rien d’autres que les gains dynamiques naturels de l’ascension spirituelle.

Nous ne croyons pas que le salut est la récompense d’une vie de bonne observance religieuse ou morale — au reste, quelle religion ou quelle morale faudrait-il suivre parmi les innombrables religions et morales du monde ? — . Le salut est simplement l’issue de l’ascension (7) ou construction (8) de l’humanité spirituelle.

Amour et pardon entre hommes déteignent de l’Amour du Père.

Nous croyons au génie créateur de l’amour du prochain (9), de tous les actes qu’il inspire, notamment du pardon des offenses (10), dans la perspective d’un monde heureux dans le réalisme. L’amour et le pardon entre hommes ne ressortent pas à une morale, ils relèvent de la vie — la Parole n’apporte pas une morale, mais la Vie — , ils déteignent de l’Amour du Père (11) pour l’homme ; étant ainsi propriétés de l’image et ressemblance, ils sont forts et sages (12). L’exécration (13) et la vengeance (14) non seulement dégradent l’homme mais, l’histoire le prouve, elles ne résolvent aucun problèmes humain et elles engendrent les mêmes malheurs qu’engendrent la domination et la spoliation (15). Le pardon du frère (16) à quiconque lui fait du mal ou du tort n’est pas une clémence contingente, mais sagesse, la sagesse doit devenir immanente, étrangère à tout sentiment, elle doit rejeter l’aversion et la rancune comme inutiles, notamment dans la phase débutante, systématique, de la pénitence quand l’amour et le pardon ne sont pas encore naturels. Il faut se protéger d’offenseurs obstinés, inguérissables, ou très dangereux, mais la protection ne sera pas inspirée par des sentiments contraires à l’amour, à la paix et, si la violence est inévitable (légitime défense), à la mesure.